jeudi 20 juin 2013

"Tu fais quoi dans la vie?", moi je mange tous les midis au Château Poivre, mon coup de coeur du 14ème

"Et toi, tu fais quoi dans la vie?" est une de mes phrases détestées. En même temps, difficile de faire sans, perso j'ose pas démarrer une discussion avec un : "C'est quoi ton plat préféré?", "T'as lu le dernier Vargas?", "Tu bois quoi? J'peux goûter?". J'aimerais bien, mais y'a cet espèce de truc social qui t'oblige à essayer de jauger ton interlocuteur, histoire de savoir où tu mets les pieds et dans mon cas d'éviter de faire des grosses gaffes. Perso, j'adore mon job, il est juste beaucoup trop complexe à expliquer. Au début, je disais "je fais du marketing". "Ca veut dire quoi en vrai?", "chez LVMH ou chez Procter? tu vends du rouge à lèvres ou de la lessive?". J'ai compris que les gens méprisaient le marketing et les marketeurs. J'ai donc opté pour : "je travaille dans l'hôtellerie". "Mais tu veux dire à la réception?", "Ca existe pour de vrai le daily use?". J'ai compris à quel point les gens faisaient peu la différence entre un hôtelier, Spirou et un tenancier de bordel. Bref, j'envie énormément les gens qui peuvent répondre en un mot, qui fait plus ou moins rêver les gens, mais au moins c'est clair : architecte, ostéopathe, auditeur, fleuriste, restaurateur. Restaurateur, c'est quand même un métier qui claque. Et pourtant, ça veut dire plein de choses différentes : un peu chef d'entreprise, un peu commerçant, un peu artiste, voire même un peu médecin. Nous, depuis qu'on a rencontré Martin qui tient le resto juste à côté de notre bureau, on est enfin vraiment bien dans notre quartier. Ca nous a pris six mois de trouver notre nouvelle cantine, mais ça valait le coup. On s'assoit au comptoir, Martin s'active, fait le dressage devant nous, engueule les commerciaux qui l'appellent pendant le service, nous sert un verre de vin, demande ce qu'on pense du dessert. Depuis qu'on va chez lui, je suis motivée pour aller au bureau même quand j'ai des réunions trop chiantes, même quand je suis crevée, sa cuisine, c'est un peu ma vitamine C à moi. J'ai beau savoir que c'est très dur, restaurateur, plus j'en côtoie plus je trouve que c'est un chouette métier.

Château Poivre, mon coup de coeur dans le 14ème

On mange quoi?

De la cuisine bistronomique, des plats bistrotiers revisités. Toujours frais, toujours de saison, toujours juste. Le paleron de boeuf , un des classiques de la maison, a ce côté réconfortant du plat mijoté dans sa cocotte Staub, dont le parfum embaume la pièce dès qu'on soulève le couvercle. Un peu comme chez ta grand-mère en plus chouette. Ce que j'aime bien dans la cuisine de Martin, c'est l'humilité. Quand il fait des asperges, c'est tout simple : bien fermes, copeaux de parmesan, trait d'huile d'olive, champignons citronnés. Hyper simple, diablement efficace. Parfois on se dit qu'on aurait dû l'avoir soi-même cette idée, il paraît que c'est le talent.

Le paleron de boeuf mijoté 6 heures avec de la moutarde à l'ancienne, je m'en lasse pas, ça tombe bien, c'est pas un temps à manger une salade...
C'est quoi l'ambiance?

Bistrot dans son jus. Martin fait attention aux détails, entre les meubles chinés, les serviettes avec leur petit rond en vichy rouge et blanc, et les bouteilles d'eau de vie, il a créé un décor au charme suranné où on se sent bien. Et puis l'ambiance d'un endroit c'est souvent aussi la personnalité de son patron. Pour ça, je vous recommande de déjeuner un jour au comptoir, vous serez pas déçus du voyage.

Ce jour là Martin nous a dit : "c'est un essai, vous allez jouer les cobayes", un plan de poulet pané hyper moelleux, quand on pense que certains bouffent des nuggets...
J'y laisse un oeil, un bras, la peau des fesses?

A 30€ le menu entrée/plat/dessert et 42€ le menu dégustation en 6 plats, on est plutôt en dessous des prix parisiens, le tout pour une qualité de produits irréprochable. Le vrai bon plan c'est la formule sur le pouce du midi, plat/dessert/café/verre de vin à 14€ au comptoir, une affaire et surtout un chouette aperçu de ce que peut faire le chef à la carte.

J'aime bien les desserts de Martin parce qu'ils ne sont pas trop sucrés, en plus il est hyper doué en glaces. Cette glace kiwi sur un clafoutis aux cerises, c'était dingue

L'un dans l'autre...

The place to eat le midi si vous bossez dans le quartier et quoi qu'il en soit une très bonne adresse à découvrir où que vous soyez dans Paris. Bref allez-y! Et dites que vous venez de ma part ;) 

J'ai dit qu'il y avait de chouettes bouteilles? Bah, il y a de chouettes bouteilles

Château Poivre, 145 rue du Château, Paris 14, 01.43.22.03.68. http://www.chateaupoivre.com

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